chronique mensuelle de Michel Onfrey (novembre 2006)
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chronique mensuelle de Michel Onfrey (novembre 2006)
DU DROIT A DISPOSER D’UNE AME
"Ma mère n’eut pas de mère. Du moins, elle fut abandonnée par la sienne. Je n’eus donc pas de grand-mère, de ce fait abandonné moi aussi par elle… Les circonstances de cette violence généalogique restent floues car l’enfant fut enlevé à la garde de ma grand-mère, un abandon forcé, contraint donc. La morale d’alors condamnait son histoire amoureuse, ou de corps, mais c’est la même chose, avec un ouvrier espagnol pendant que son époux se mourrait lentement à l’hôpital - de quoi ?- puisqu’il lui fallut plusieurs années pour rendre l’âme.
Dès lors, ma mère connut les fausses mères, les mères de substitution, les mères nourricières, enfin tout l’attirail des mères qui n’en sont pas. Pour ma part, je connus enfant une grand-mère qui n’en était pas une et découvrit les familles mercenaires vivant de placements d’enfants apportés, gardés, exploités, battus, déplacés, remportés, replacés, jusqu’à ce qu’ils fondent une famille à leur tour… L’affection n’était pas toujours obligatoire, il s’agissait d’un métier.
Fils d’une femme abandonnée qui tâcha de s’arranger de cette malédiction en m’envoyant quatre ans dans un orphelinat l’année de mes dix ans, je suis un peu plus que d’autres sensible au problème de l’accouchement sous X – que je condamne. Certes il existe des familles nourricières excellentes – toutes aujourd’hui -, des adoptions avec des parents magnifiques, des couples généreux au-delà de toute limite, altruistes au dernier degré – j’en connais -, mais rien n’efface le traumatisme d’avoir été jeté, non désiré, écarté, même pas des parents nouveaux doués de tous les talents amoureux.
Accoucher sous X c’est s’accorder tous les droits au nom de son confort, de son bien être, de son caprice, de son petit moi minable ; c’est également les dénier absolument à un enfant, autrement dit, l’être le plus démuni de droits tant les adultes s’en croient propriétaires comme ils possèdent un chien ou un chat. Le droit d’interdire le droit d’un autre n’est pas un droit. Toute situation dans laquelle un être s’arroge tous les droits tout en les déniant aux plus faibles définit le tyran. Une mère accouchant sous X à l’heure de la contraception et de l’avortement remboursés par la sécurité sociale tue l’âme de son enfant auquel elle laisse son corps sa vie durant avec pour seule perspective métaphysique de pleurer ce deuil impossible."
Michel Onfray
"Ma mère n’eut pas de mère. Du moins, elle fut abandonnée par la sienne. Je n’eus donc pas de grand-mère, de ce fait abandonné moi aussi par elle… Les circonstances de cette violence généalogique restent floues car l’enfant fut enlevé à la garde de ma grand-mère, un abandon forcé, contraint donc. La morale d’alors condamnait son histoire amoureuse, ou de corps, mais c’est la même chose, avec un ouvrier espagnol pendant que son époux se mourrait lentement à l’hôpital - de quoi ?- puisqu’il lui fallut plusieurs années pour rendre l’âme.
Dès lors, ma mère connut les fausses mères, les mères de substitution, les mères nourricières, enfin tout l’attirail des mères qui n’en sont pas. Pour ma part, je connus enfant une grand-mère qui n’en était pas une et découvrit les familles mercenaires vivant de placements d’enfants apportés, gardés, exploités, battus, déplacés, remportés, replacés, jusqu’à ce qu’ils fondent une famille à leur tour… L’affection n’était pas toujours obligatoire, il s’agissait d’un métier.
Fils d’une femme abandonnée qui tâcha de s’arranger de cette malédiction en m’envoyant quatre ans dans un orphelinat l’année de mes dix ans, je suis un peu plus que d’autres sensible au problème de l’accouchement sous X – que je condamne. Certes il existe des familles nourricières excellentes – toutes aujourd’hui -, des adoptions avec des parents magnifiques, des couples généreux au-delà de toute limite, altruistes au dernier degré – j’en connais -, mais rien n’efface le traumatisme d’avoir été jeté, non désiré, écarté, même pas des parents nouveaux doués de tous les talents amoureux.
Accoucher sous X c’est s’accorder tous les droits au nom de son confort, de son bien être, de son caprice, de son petit moi minable ; c’est également les dénier absolument à un enfant, autrement dit, l’être le plus démuni de droits tant les adultes s’en croient propriétaires comme ils possèdent un chien ou un chat. Le droit d’interdire le droit d’un autre n’est pas un droit. Toute situation dans laquelle un être s’arroge tous les droits tout en les déniant aux plus faibles définit le tyran. Une mère accouchant sous X à l’heure de la contraception et de l’avortement remboursés par la sécurité sociale tue l’âme de son enfant auquel elle laisse son corps sa vie durant avec pour seule perspective métaphysique de pleurer ce deuil impossible."
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