l'adoption internationale n'est pas une predation
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l'adoption internationale n'est pas une predation
un article qui fait du bien
et puis ecrit par une adoptee, ce qui legitime les propos...
>>
> > >> Le Monde, 3 mai 2010
> > >>
> > >> http://www.lemonde. fr/opinions/ article/2010/ 05/03/l-adoption
> > -internationale- n-est-pas- une-predation- par-patricia-
> > mowbray_1345939_ 3232.html
> > >>
> > >>
> > >> L'adoption internationale n'est pas une prédation, par Patricia
> > >> Mowbray
> > >>
> > >> Je suis née deux fois. Une première fois au mois d'août 1956 en
> > >> Angleterre d'une
> > >> femme danoise et d'un homme
> > >> nigérian, et une seconde fois en février 1959 pour rejoindre ma
> > >> famille
> > >> adoptive au pied de la butte Montmartre. Pour moi l'adoption est une
> > >> seconde naissance, un choc salutaire qui peut se transformer en atout
> > >> pour mieux interpréter et apprécier la diversité du monde qui nous
> > >> entoure.
> > >>
> > >>
> > >> Le drame à Haïti le 12 janvier, avec son cortège d'enfants meurtris,
> > >> orphelins et abîmés, a ravivé les polémiques récurrentes qui tournent
> > >> autour de cette prise en charge particulière qu'est l'adoption
> > >> internationale. Elle permet à près de 40 000 enfants de passer,
> > >> chaque
> > >> année, les frontières de leur terre natale, pour exercer leur droit à
> > >> vivre dans l'intimité d'une famille.
> > >>
> > >> Mais au-delà de cette
> > >> spécificité haïtienne, c'est la question plus générale de l'adoption
> > >> internationale avec ses détracteurs et ses défenseurs qui est
> > >> posée : sa
> > >> légitimité, son fonctionnement et son impact tant dans les pays de
> > >> provenance que dans les pays d'accueil.
> > >>
> > >> Comme l'énoncent plusieurs conventions internationales, l'adoption
> > >> est une
> > >> mesure de protection de l'enfant, qui a le droit de grandir avec sa
> > >> famille. Si
> > >> les
> > >> circonstances l'en ont privé, il doit pouvoir bénéficier dans son
> > >> pays
> > >> de naissance ou "dans un pays étranger, d'une adoption comme moyen
> > >> d'assurer ses soins nécessaires, si celui-ci ne peut, dans son pays
> > >> d'origine, être placé dans une famille nourricière ou adoptive ou
> > >> être
> > >> convenablement élevé", article 21 de la Convention internationale
> > >> des droits de l'enfant de 1 989 (CIDE).
> > >>
> > >> Avant le séisme
> > >> dévastateur sur les 300 000 enfants haïtiens accueillis dans des
> > >> structures diverses d'aide à l'enfance, en 2009, 1 300 sont partis à
> > >> l'étranger, principalement en France, au Canada et aux Etats-Unis
> > >> pour y être
> > >> adoptés, pour y vivre et devenir des filles ou des fils de parents
> > >> qui les
> > >> inscrivent ainsi dans une nouvelle histoire familiale et
> > >> nationale. Qu'advient-il de tous les autres ? Sont-ils condamnés au
> > >> statut d'orphelins à vie, dans une errance affective et morale ? Dans
> > >> des camps, avec le seul soutien d'un personnel souvent très dévoué
> > >> mais
> > >> qui aura rarement la possibilité de les porter vers un avenir
> > >> serein. On sait
> > >> que, bien avant l'adolescence, nombre d'entre eux iront rejoindre
> > >> la cohorte des enfants des rues.
> > >>
> > >> A ceux qui recommandent de ne pas agir dans la précipitation mais
> > >> dans le souci
> > >> du respect des lois, je
> > >> répondrai que les règles qui régissent l'adoption internationale sont
> > >> laborieuses et contraignantes. A Haïti, par exemple, quinze étapes de
> > >> procédure doivent être franchies pour enfin obtenir le visa
> > >> d'adoption à
> > >> l'ambassade de France, qui autorise l'enfant à rejoindre légalement
> > >> son nouveau
> > >> pays. Les délais pour ce sésame varient de quelques mois à
> > >> plusieurs années. Compte tenu de ces parcours, on peut estimer que le
> > >> temps de la réflexion est offert aux parents et aux institutions pour
> > >> juger de la pertinence et de la validité de la démarche engagée.
> > >>
> > >> L'enfant pendant ce temps se trouve dans un no man's land affectif,
> > >> vivant son
> > >> quotidien dans l'orphelinat, et, déjà engagé ailleurs, apprenant à
> > >> désigner avec des mots nouveaux ou oubliés, comme "papa" ou
> > >> "maman", des visages
> > >> imprimés sur papier glacé. On sait que plus l'enfant grandit
> > >> plus il aura de difficultés à guérir des séquelles de ces
> > >> traumatismes.
> > >> Il est donc vital d'accorder le temps de la justice à celui de
> > >> l'enfant
> > >> en accélérant les procédures sans les dénaturer, après que les
> > >> apparentements ont été décidés.
> > >>
> > >> Ce phénomène a toujours généré des débats passionnés. Il est vrai
> > >> qu'il
> > >> interpelle les sociétés par la
> > >> mixité qu'il entraîne, il s'inscrit aussi comme une des
> > >> conséquences de
> > >> l'internationalisat ion des échanges. Le droit de l'enfant à avoir une
> > >> famille est reconnu au-delà des frontières qui l'ont vu naître, en
> > >> conformité avec l'intérêt supérieur de l'enfant - ouvrant ainsi
> > >> depuis
> > >> 1989 un espace juridique transfrontalier spécifique au monde de
> > >> l'enfance qui reconnaît l'universalité de son statut.
> > >>
> > >> Pour
> > >> certains, le tribut de cet exil nécessaire pour trouver une famille
> > >> serait trop lourd, trop invalidant, puisqu'il amputerait les enfants
> > >> d'une partie de leur identité et favoriserait, de surcroît, un
> > >> comportement égoïste et prédateur des Occidentaux, qui continueraient
> > >> par ce biais à exploiter la misère du monde.
> > >>
> > >> La stratégie
> > >> familiale, qui consiste à laisser partir un ou plusieurs enfants dans
> > >> l'espoir d'une vie meilleure, est un phénomène qui a toujours existé
> > >> même sous nos latitudes. La littérature des XIXe et XXe siècles,
> > >> Dickens en
> > >> Angleterre, Maupassant en France, foisonne de
> > >> récits mettant en scène des parents qui confient ou abandonnent leurs
> > >> enfants.
> > >>
> > >> Pour l'immense majorité des enfants recueillis, la seule
> > >> chance de grandir dans un espace qui prenne le temps de les aimer
> > >> et qui les
> > >> inscrive à nouveau dans une appartenance affective et morale est
> > >> l'adoption, qu'elle soit locale ou internationale, conjuguant le
> > >> désir
> > >> de parents de fonder ou agrandir une famille et le droit de
> > >> l'enfant à
> > >> en posséder une. Aucun camp, personne du monde socio-éducatif, ne
> > >> remplacera le lien privilégié qu'entretiennent des parents avec leur
> > >> enfant.
> > >>
> > >> Sous prétexte de quelques dérives répréhensibles, très
> > >> médiatisées, ne cachons pas la réalité de ces millions d'enfants qui
> > >> attendent et grandissent nourris et parqués sur leur terre natale,
> > >> dans
> > >> des lieux sans âme et sans espoir. En Roumanie, de jeunes adultes se
> > >> retournent maintenant contre les autorités de leurs pays, les
> > >> accusant
> > >> de les avoir privés de leur enfance en les gardant en otages depuis
> > >> 2001 dans
> > >> des institutions, en les empêchant d'être adoptés par des familles
> > >> étrangères. A
> > >> l'époque, le pays s'était fermé à l'adoption
> > >> internationale pour mettre fin à la corruption qui sévissait aussi
> > >> dans
> > >> ce secteur. L'adoption n'est pas une prédation, elle est la juste
> > >> réponse à la pire des solitudes, celle pour un enfant de grandir sans
> > >> personne à qui se lier.
> > >>
> > >> ____________ _________ _________ __
> > >> Patricia Mowbray est fondatrice de
> > >> l'association Racines d'enfance, auteur d'"A comme Adoption" (éd.
> > >> Pascal, 2009).
> > >>
> > >>
et puis ecrit par une adoptee, ce qui legitime les propos...
>>
> > >> Le Monde, 3 mai 2010
> > >>
> > >> http://www.lemonde. fr/opinions/ article/2010/ 05/03/l-adoption
> > -internationale- n-est-pas- une-predation- par-patricia-
> > mowbray_1345939_ 3232.html
> > >>
> > >>
> > >> L'adoption internationale n'est pas une prédation, par Patricia
> > >> Mowbray
> > >>
> > >> Je suis née deux fois. Une première fois au mois d'août 1956 en
> > >> Angleterre d'une
> > >> femme danoise et d'un homme
> > >> nigérian, et une seconde fois en février 1959 pour rejoindre ma
> > >> famille
> > >> adoptive au pied de la butte Montmartre. Pour moi l'adoption est une
> > >> seconde naissance, un choc salutaire qui peut se transformer en atout
> > >> pour mieux interpréter et apprécier la diversité du monde qui nous
> > >> entoure.
> > >>
> > >>
> > >> Le drame à Haïti le 12 janvier, avec son cortège d'enfants meurtris,
> > >> orphelins et abîmés, a ravivé les polémiques récurrentes qui tournent
> > >> autour de cette prise en charge particulière qu'est l'adoption
> > >> internationale. Elle permet à près de 40 000 enfants de passer,
> > >> chaque
> > >> année, les frontières de leur terre natale, pour exercer leur droit à
> > >> vivre dans l'intimité d'une famille.
> > >>
> > >> Mais au-delà de cette
> > >> spécificité haïtienne, c'est la question plus générale de l'adoption
> > >> internationale avec ses détracteurs et ses défenseurs qui est
> > >> posée : sa
> > >> légitimité, son fonctionnement et son impact tant dans les pays de
> > >> provenance que dans les pays d'accueil.
> > >>
> > >> Comme l'énoncent plusieurs conventions internationales, l'adoption
> > >> est une
> > >> mesure de protection de l'enfant, qui a le droit de grandir avec sa
> > >> famille. Si
> > >> les
> > >> circonstances l'en ont privé, il doit pouvoir bénéficier dans son
> > >> pays
> > >> de naissance ou "dans un pays étranger, d'une adoption comme moyen
> > >> d'assurer ses soins nécessaires, si celui-ci ne peut, dans son pays
> > >> d'origine, être placé dans une famille nourricière ou adoptive ou
> > >> être
> > >> convenablement élevé", article 21 de la Convention internationale
> > >> des droits de l'enfant de 1 989 (CIDE).
> > >>
> > >> Avant le séisme
> > >> dévastateur sur les 300 000 enfants haïtiens accueillis dans des
> > >> structures diverses d'aide à l'enfance, en 2009, 1 300 sont partis à
> > >> l'étranger, principalement en France, au Canada et aux Etats-Unis
> > >> pour y être
> > >> adoptés, pour y vivre et devenir des filles ou des fils de parents
> > >> qui les
> > >> inscrivent ainsi dans une nouvelle histoire familiale et
> > >> nationale. Qu'advient-il de tous les autres ? Sont-ils condamnés au
> > >> statut d'orphelins à vie, dans une errance affective et morale ? Dans
> > >> des camps, avec le seul soutien d'un personnel souvent très dévoué
> > >> mais
> > >> qui aura rarement la possibilité de les porter vers un avenir
> > >> serein. On sait
> > >> que, bien avant l'adolescence, nombre d'entre eux iront rejoindre
> > >> la cohorte des enfants des rues.
> > >>
> > >> A ceux qui recommandent de ne pas agir dans la précipitation mais
> > >> dans le souci
> > >> du respect des lois, je
> > >> répondrai que les règles qui régissent l'adoption internationale sont
> > >> laborieuses et contraignantes. A Haïti, par exemple, quinze étapes de
> > >> procédure doivent être franchies pour enfin obtenir le visa
> > >> d'adoption à
> > >> l'ambassade de France, qui autorise l'enfant à rejoindre légalement
> > >> son nouveau
> > >> pays. Les délais pour ce sésame varient de quelques mois à
> > >> plusieurs années. Compte tenu de ces parcours, on peut estimer que le
> > >> temps de la réflexion est offert aux parents et aux institutions pour
> > >> juger de la pertinence et de la validité de la démarche engagée.
> > >>
> > >> L'enfant pendant ce temps se trouve dans un no man's land affectif,
> > >> vivant son
> > >> quotidien dans l'orphelinat, et, déjà engagé ailleurs, apprenant à
> > >> désigner avec des mots nouveaux ou oubliés, comme "papa" ou
> > >> "maman", des visages
> > >> imprimés sur papier glacé. On sait que plus l'enfant grandit
> > >> plus il aura de difficultés à guérir des séquelles de ces
> > >> traumatismes.
> > >> Il est donc vital d'accorder le temps de la justice à celui de
> > >> l'enfant
> > >> en accélérant les procédures sans les dénaturer, après que les
> > >> apparentements ont été décidés.
> > >>
> > >> Ce phénomène a toujours généré des débats passionnés. Il est vrai
> > >> qu'il
> > >> interpelle les sociétés par la
> > >> mixité qu'il entraîne, il s'inscrit aussi comme une des
> > >> conséquences de
> > >> l'internationalisat ion des échanges. Le droit de l'enfant à avoir une
> > >> famille est reconnu au-delà des frontières qui l'ont vu naître, en
> > >> conformité avec l'intérêt supérieur de l'enfant - ouvrant ainsi
> > >> depuis
> > >> 1989 un espace juridique transfrontalier spécifique au monde de
> > >> l'enfance qui reconnaît l'universalité de son statut.
> > >>
> > >> Pour
> > >> certains, le tribut de cet exil nécessaire pour trouver une famille
> > >> serait trop lourd, trop invalidant, puisqu'il amputerait les enfants
> > >> d'une partie de leur identité et favoriserait, de surcroît, un
> > >> comportement égoïste et prédateur des Occidentaux, qui continueraient
> > >> par ce biais à exploiter la misère du monde.
> > >>
> > >> La stratégie
> > >> familiale, qui consiste à laisser partir un ou plusieurs enfants dans
> > >> l'espoir d'une vie meilleure, est un phénomène qui a toujours existé
> > >> même sous nos latitudes. La littérature des XIXe et XXe siècles,
> > >> Dickens en
> > >> Angleterre, Maupassant en France, foisonne de
> > >> récits mettant en scène des parents qui confient ou abandonnent leurs
> > >> enfants.
> > >>
> > >> Pour l'immense majorité des enfants recueillis, la seule
> > >> chance de grandir dans un espace qui prenne le temps de les aimer
> > >> et qui les
> > >> inscrive à nouveau dans une appartenance affective et morale est
> > >> l'adoption, qu'elle soit locale ou internationale, conjuguant le
> > >> désir
> > >> de parents de fonder ou agrandir une famille et le droit de
> > >> l'enfant à
> > >> en posséder une. Aucun camp, personne du monde socio-éducatif, ne
> > >> remplacera le lien privilégié qu'entretiennent des parents avec leur
> > >> enfant.
> > >>
> > >> Sous prétexte de quelques dérives répréhensibles, très
> > >> médiatisées, ne cachons pas la réalité de ces millions d'enfants qui
> > >> attendent et grandissent nourris et parqués sur leur terre natale,
> > >> dans
> > >> des lieux sans âme et sans espoir. En Roumanie, de jeunes adultes se
> > >> retournent maintenant contre les autorités de leurs pays, les
> > >> accusant
> > >> de les avoir privés de leur enfance en les gardant en otages depuis
> > >> 2001 dans
> > >> des institutions, en les empêchant d'être adoptés par des familles
> > >> étrangères. A
> > >> l'époque, le pays s'était fermé à l'adoption
> > >> internationale pour mettre fin à la corruption qui sévissait aussi
> > >> dans
> > >> ce secteur. L'adoption n'est pas une prédation, elle est la juste
> > >> réponse à la pire des solitudes, celle pour un enfant de grandir sans
> > >> personne à qui se lier.
> > >>
> > >> ____________ _________ _________ __
> > >> Patricia Mowbray est fondatrice de
> > >> l'association Racines d'enfance, auteur d'"A comme Adoption" (éd.
> > >> Pascal, 2009).
> > >>
> > >>
bounty- Hors catégorie !
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Nombre de messages : 1138
Age : 55
Localisation : ancenis (44)
Date d'inscription : 30/03/2006
Re: l'adoption internationale n'est pas une predation
J'ai tellement aime l'article que j'ai deja achete et lu son livre! (bon ok il se lit en deux heures...)
Ca me fait vraiment plaisir de voir que quelqu'un, qui a ete adopte, pense la meme chose que moi sur l'adoption internationale.
Ca me fait vraiment plaisir de voir que quelqu'un, qui a ete adopte, pense la meme chose que moi sur l'adoption internationale.
gagatte- Hors catégorie !
- Nombre de messages : 1032
Date d'inscription : 08/01/2009
Re: l'adoption internationale n'est pas une predation
entierrement d'accord. Merci Sabine
saskia- Hors catégorie !
-
Nombre de messages : 3645
Age : 59
Localisation : Allier (03) 06 60 23 28 14
Date d'inscription : 15/10/2007
Re: l'adoption internationale n'est pas une predation
Moi aussi j'ai beaucoup aime cet article et l'estime encore plus de par l'auteur qui l'a ecrit.
Espoir65- Hors catégorie !
- Nombre de messages : 2440
Localisation : Athenes, Grece
Date d'inscription : 20/03/2006
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